Symposium économie et littérature

Symposium Économie et Littérature 

Économie et solidarité dans les représentations littéraires 

et les imaginaires romanesques

Sciences Po Bordeaux

20-21-22 juin 2024 

 

Appel à communications

 

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L’objectif de ce symposium sera non seulement de voir comment littérature et économie peuvent se rencontrer autour de la question de la solidarité mais au-delà de cet exemple précis, de continuer à essayer de mieux comprendre comment peuvent s’articuler les deux disciplines. Les points de rencontre entre l’économie et la littérature ont été identifiés lors du précédent colloque d’histoire de la pensée économique autour de la conception (partagée ou non) du « bonheur » (Pignol, 2023). Le but du symposium « économie et littérature » du 20e colloque Gide sera non seulement d’analyser le dialogue entre économie et littérature autour de la notion de solidarité mais aussi de s’interroger surcette démarche même d’investigation car il y a encore beaucoup à dire et à comprendre sur l’approche elle-même et en particulier sur les échanges très riches mais aussi parfois compliqués et difficiles entre les littéraires et les économistes.

Comme le soulignait l’appel à contribution rédigé pour les sessions « littérature et économie » du précédent colloque Gide, des travaux au croisement de l’économie et de la littérature se développent depuis une quinzaine d’années. Les chercheurs s’efforcent notamment de déterminer ce que l’analyse économique peut apporter à l’étude et à la compréhension de textes littéraires et, inversement, ce que la littérature peut apporter à l’analyse économique. Tout le monde s’accorde pour constater que les économistes font parfois appel, dans l’élaboration et la discussion de leurs théories économiques, à des outils rhétoriques et à des stratégies narratives (McCloskey,1986). Les ateliers littérature et économie du dernier colloque Gide ont soulevé une interrogation supplémentaire, à savoir la possibilité que la littérature nous instruise sur l’économie réelle, par exemple sur son fonctionnement, ainsi que sur les décisions des agents et sur les effets de l’économie réelle sur les agents. Y aurait-il dans les théories économiques des angles morts que la littérature serait en mesure de couvrir ? L’enjeu du symposium « économie et littérature » du colloque Gide 2024 sera, comme les journées du colloque 2022, de déterminer les points de rencontre entre ces deux disciplines autour de la question de la solidarité, mais aussi de continuer à chercher comment articuler deux modes de connaissance et de représentation qui diffèrent dans leurs objectifs comme dans leur forme tout en se rejoignant sur des problématiques communes.

L’intérêt pour les économistes s’intéressant à la solidarité ou au solidarisme de dialoguer avec les littéraires est d’autant plus fort que la littérature de la modernité s’est abondamment saisie de ces questions qui deviennent, notamment à partir du XIXe siècle, un motif récurent, voire obsédant (par exemple pour la littérature dite populaire). Le récit littéraire, qu’il soit romanesque ou théâtral, ne s’est d’ailleurs pas contenté de rendre compte du fait solidaire et de ses dialectiques individuelles et collectives. Il constitue un véritable laboratoire restituant de façon singulière des expériences individuelles, intimes ou collectives (organisations, associations) de la solidarité.

La littérature, par sa nature même, crée du lien et elle réfléchit à la nature et à la mise en forme de ces liens qu’il s’agisse de charité, de fraternité, d’entraide, de partage et de coopération. Elle s’interroge aussi sur la notion d’unité organique, d’interdépendances ou de divergences au sein d’un ensemble d’éléments, comme par exemple une œuvre de fiction (la toile et l’image du tissage pour représenter l’écriture littéraire selon George Eliot), un corps ou une société (atomisation et fragmentation produites par l’urbanisation et par les tâches industrielles, mais aussi communautés de quartiers ou communautés ouvrières ; conflits et solidarités de classes dans le roman industriel britannique du XIXe siècle ou bien chez É. Zola). La littérature envisage aussi des formes corrompues de solidarité comme les solidarités mafieuses (économie souterraine dans Oliver Twist). Elle considère également les émotions associées à la solidarité comme la sympathie, la compassion, le care, l’amour, l’altruisme mais aussi le ressentiment voire la haine, ou bien les bons sentiments (qui entrent en résonance avec la théorie économique comportementale du warm glow d’Andreoni, 1989).

Plusieurs pistes (non exhaustives) sont envisageables pour les différentes propositions de contribution dans le cadre de ce symposium :

  • On pourra s’intéresser à la façon dont la littérature travaille la question de la solidarité en lien avec l’économie, à la manière dont elle la pense et la questionne, ou encore la met en œuvre et en ‘œuvre’. Quelle lecture les auteurs de la période comprise entre la fin du xviiie siècle et le milieu du xxe siècle – George Sand, Victor Hugo, Honoré de Balzac, mais aussi Charles Dickens, William Morris et bien d’autres – avaient-ils de la solidarité ? L’approche littéraire permet en particulier d’interroger l’ambivalence et la polysémie de la notion de solidarité et de marquer les inflexions sémantiques que le concept subit au cours du temps (caritas, agape ; philanthropie, altruisme, désintéressement, etc.) en observant par exemple la manière dont, après la Révolution, il s’affranchit des déterminants religieux qui en constituaient le fondement.
  • Il peut être par ailleurs intéressant, du point de vue de l’histoire des représentations, de considérer la manière dont la solidarité dialogue avec l’éthique de la dette dans le cadre d’une rationalité bourgeoise qui promeut l’intérêt de l’agent économique.
  • Quelles structures caritatives (les maisons de pauvres, les banques de solidarité) et quels mécanismes propres à la solidarité (hors et dans le marché) les œuvres représentent-elles ?
  • Les récits identifient-ils des comportements spécifiques en matière de solidarité ? Si les critères sociaux déterminent puissamment les postures du donner et du recevoir, il est essentiel, à partir du 19e siècle, d’observer la manière dont des comportements genrés se développent autour de la solidarité, les femmes étant souvent présentées comme les actrices principales des pratiques solidaires au point de déployer une vision ou une conception féministe et sensible de la solidarité.
  • Sur un plan théorique, les œuvres littéraires mènent-elles une réflexion sur la compatibilité entre solidarité et marché ? Des textes développent-ils des modes de pensée spécifiques et originaux sur les fondements autogestionnaires ou anarchistes de la solidarité ?

Chaque contribution dans le cadre de ce symposium « Economie et littérature » fera dialoguer un texte, un concept ou un auteur relevant de la pensée économique, avec une œuvre littéraire sur le thème de la solidarité.

 

Références bibliographiques

Andreoni, James. 1989, “Giving with Impure Altruism: Applications to Charity and Ricardian Equivalence”. Journal of Political Economy, 97(6), 1447–1458. http://www.jstor.org/stable/1833247

Bouveresse Jacques, 2008, La Connaissance de l'écrivain : sur la littérature, la vérité et la vie, Agone.

Chappuis, Raymond. 1999, La solidarité : l’éthique des relations humaines, Paris, PUF.

Ingrao Bruna, 2006, “Destructive Behaviour: Economics and Literature”, Fabrizio Serra Editore, Pisa - Roma, 14(1), 73-112.

Le Blanc, Guillaume. 2022, La solidarité des éprouvés : pour une histoire politique de la pauvreté, Payot.

McCloskey Deirdre N., 1985 (1998), The Rhetoric of Economics, University of Wisconsin Press.

Nussbaum Martha, 1992, Love's Knowledge : Essays on Philosophy and Literature, New York, Oxford University Press.

Obrillant, Damus et Denis Jeffrey eds, 2019, Les solidarités humanistes, Paris, L’Harmattan.

Obrillant, Damus. 2016. Homo vulnérabilis : repenser la condition humaine, Paris, Academia.

Pignol, Claire. 2023, “Comment les œuvres littéraires donnent-elles à penser l’économie ?” Cahiers d'économie politique, 83, 7-22. https://doi.org/10.3917/cep1.083.0007

 

Calendrier et format des propositions :

Les propositions de communication prendront la forme d’un résumé compris entre 300 et 600 mots, avec 5 mots-clés et 10 références bibliographiques.

Les propositions devront IMPÉRATIVEMENT être déposées sur le site internet de la conférence. Onglet "Soumettre une communication" à gauche. 

Attention ! Lors de la soumission de votre proposition sur le site internet de la conférence, il y a plusieurs thématiques : nous vous remercions de bien préciser que votre proposition rentre dans le cadre de la thématique « Symposium économie et littérature ».

 

15 décembre 2023 : EXTENDED DEADLINE : 20 JANVIER 2024 : Date limite de dépôt des propositions de communication

25 mars 2024 : Notification des décisions aux déposants

 

Comité scientifique :

Laurie Bréban PHARE, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Marie-Laure Masséi-Chamayou Centre d'Histoire du XIXsiècle, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne

Virginie Gouverneur BETA, Université de Haute Alsace

Alexandre Péraud PLURIELLES, Université Bordeaux Montaigne

Emmanuel Petit BSE, Université de Bordeaux

Claire Pignol PHARE, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Nathalie Vanfasse LERMA, Université Aix-Marseille

 

Comité d’organisation : Alexandre Peraud, Emmanuel Petit, Nathalie Vanfasse, Tristan Velardo

 

 

 

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