Appel à communications

 20e colloque international de l’Association Charles Gide

« Solidarité » 

Sciences Po Bordeaux, 20, 21 et 22 juin 2024

 

Appel à communications

 

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Le 20e colloque international de l’association Charles Gide porte l’ambition d’interroger la notion de « solidarité » à l’aune de l’histoire de la pensée économique tout en se positionnant dans une démarche pluridisciplinaire par la convocation des sciences sociales telles que la sociologie, l’anthropologie, la science politique, mais aussi la philosophie, l’histoire, le droit et les sciences de gestion. Il se tiendra à Sciences Po Bordeaux du 20 au 22 juin 2024.

Aujourd’hui, le terme « solidarité » revêt un sens prescriptif et moral se traduisant dans les appels aux dons et à la générosité par des injonctions de type « Sois solidaire ! ». Néanmoins, ce terme possède une histoire plurielle et polyphonique dont la richesse des questionnements et controverses en sciences sociales rend manifestement compte.

  • Quels liens établir entre la solidarité et la division du travail ? Pour Adam Smith, la division du travail appelle la « coopération de milliers et de milliers d’hommes » tandis que pour Léon Walras, grâce à elle, « les destinées de tous les hommes sont solidaires les unes aux autres»
  • Dans quelle mesure la solidarité permet-elle d’interroger la notion de dette (dette privée, dette publique et les enjeux de soutenabilité) ? Quelle est la nature du lien entre débiteur et créditeur ? Quid de ce lien lorsqu’il s’agit d’une dette publique ? John M. Keynes cultive une réflexion sur les responsabilités partagées entre créditeur et débiteur dans le processus d’ajustement des balances de paiement.
  • Qu’en est-il des réflexions sur la création et la distribution de la valeur ? La division du travail induit une série de réflexions de nature économique sur la distribution de la valeur issue de la coopération, conduisant ainsi Pierre-Joseph Proudhon ou Karl Marx, par exemple, à critiquer l’exploitation issue des rapports de production capitalistes. Quelle est cette solidarité au cœur de l’idéal communiste apparaissant dans les statuts de l’Association Internationale des Travailleurs en 1864 et comme un élément central de la solidarité internationale des travailleurs chez Lénine ?
  • Peut-on relier la notion de solidarité avec l’altruisme ou le désintéressement ? Après qu’Auguste Comte ait « systématisé » le terme d'altruisme, John Stuart Mill discute de l’ « association » comme une école de sympathie et d'égalité qui accélère le progrès humain vers la prise en compte des intérêts des autres, considérés comme des égaux. Plus tard, Alfred Marshall rapproche la notion de désintéressement d’un sacrifice de ses propres intérêts pour ceux des générations futures.
  • De même, existe-t-il une pensée économique anarchiste fondée sur la solidarité ? Comment les anarchistes, tels que Pierre Kropotkine ou Mikhaïl Bakounine, fondent-ils un état de la société lié à une exigence morale d’entraide ?  
  • Quelle est la portée normative et positive de la notion de solidarité ? S’agit-il d’un concept descriptif tel qu’employé par la sociologie d’Émile Durkheim avec les solidarités mécaniques et organiques ? Ou bien, est-elle immédiatement porteuse d’un sens moral ou prescriptif à la manière des solidaristes qui portaient une philosophie économique et politique normative républicaine tels que Charles Gide, Léon Bourgeois, Léon Duguit à l’ancrage bordelais très marqué.
  • Dans quelle mesure la logique réciprocitaire présente dans l’anthropologie du don, particulièrement chez Marcel Mauss ou Claude Lévi-Strauss, peut-elle être reliée à la solidarité comme base de l’échange ? Peut-on, à l’instar de Karl Polanyi, interroger les limites du marché à l’aide de la logique réciprocitaire ?Plus généralement, comment la solidarité permet-elle d’interroger le rapport de notre société au don : don /contre-don ou don « gratuit » ? Par exemple, l’approche phénoménologique portée par Jacques Derrida, nous donne à voir l’impossibilité constitutive du don et, par-là, nous résigne à une logique réciprocitaire fondée sur l’échange.
  • La solidarité est-elle une des « vertus bourgeoises » dont Deirdre McCloskey dresse la généalogie ? Comment les penseurs libéraux conçoivent-ils la notion de solidarité ? Est-elle l’objet de vives critiques, à l’instar de Friedrich Hayek pour qui « une grande société n’a que faire de la “solidarité” » ? Ou bien, revêt-elle une virtualité à atteindre comme chez Walter Lippmann, quoique ce dernier en déplore les effets néfastes ?

Le 20e colloque Gide propose d’interroger l’étonnante plasticité de la notion de solidarité. Toutefois, l’histoire de la pensée économique est aussi pratiquée en vue d’éclairer les problématiques contemporaines. Les nouvelles questions appellent de nouvelles histoires. Le 20e colloque Gide entend mobiliser les potentialités de la notion de solidarité pour éclairer les enjeux majeurs de notre temps, et ce, à partir de plusieurs axes de réflexion :

(1) La solidarité internationale

  • La notion de solidarité internationale nous permet d’interroger plus généralement la question de la justice globale. De quelle solidarité parlons-nous ? Ce faisant, la nature de la solidarité permet d’éclairer la nature de la justice : justice globale, justice locale, justice sociale ?                                                                                                                                                                                
  • Dans la même veine, la question de l’échelle pertinente des solidarités se pose et doit être reliée à la question de la solidarité territoriale. À quelle échelle la justice est-elle pertinente : une solidarité internationale ? locale ? globale ?
  • En outre, la solidarité internationale permet d’interroger plus généralement les rapports Nord/Sud et la manière dont les solidarités s’intègrent à l’échelle globale. Comment s’exercent les solidarités dans les rapports inégaux entre les pays dits « développés » et ceux « en développement ». Comment articuler la notion de solidarité avec la notion de développement ? 
  • Sur le plan économique, l’interdépendance et la solidarité des économies globalisées posent la question des systèmes monétaires internationaux et régionaux en vue d’en comprendre les mécanismes causaux à l’œuvre.  
  • Dans le nouveau régime climatique, les exigences des transitions écologiques appellent une réflexion sur la place à accorder à la solidarité internationale.  Quelles solidarités nouvelles face à la dette écologique ? S’agit-il d’une solidarité intergénérationnelle ? Ou bien d’une solidarité intragénérationnelle ?
  • Dans ce cadre, les solidarités internationales posent la question de l’énergie. Comment assurer la sécurité et la sûreté des approvisionnements par les mécanismes d’interconnexion internationale, en particulier européenne ? Comment l’électrification des usages appelle-t-elle des politiques publiques de lutte contre la précarité énergétique ? Par quels moyens les communautés organisent-elles la résilience énergétique des territoires en transformant l’énergie en bien commun ?

(2) La solidarité dans l’économie sociale et solidaire

  • La pandémie de Covid-19 a ravivé l’intérêt autour de l’économie sociale et solidaire (ESS). Comment les logiques de solidarité s’intègrent-elles à l’ESS ? Comment l’ancrage territorial et sa résilience assurent-ils au processus de l’ESS le respect des principes d’utilité sociale, de gouvernance démocratique et de non-lucrativité ? 
  • Comment articuler les principes théoriques issus du solidarisme, représenté tant par le coopérativisme de Charles Gide que par le républicanisme de Léon Bourgeois, avec les réalisations pratiques de l’ESS ? 
  • L’ESS permet de questionner notre rapport à l’accès à la santé, à l’éducation, à la consommation, au crédit, etc. L’ESS a développé de nombreuses réalisations fondées sur la solidarité entre les membres ou envers des tiers.
  • Au cœur des valeurs de l’ESS, la solidarité peut-elle constituer un mode de coordination alternatif à l’État et au marché ? Comment propose-t-elle de réencastrer l’économie dans la société ?
  • Sur le plan économique, le développement des monnaies alternatives a constitué un bouleversement monétaire en raison de la remise en cause du monopole monétaire de l’État. Ces monnaies prennent des formes différentes par leur organisation et leurs objectifs. Entre contestation et complémentarité, certaines tentent de réencastrer les relations monétaires vers des objectifs sociaux, territoriaux ou encore écologiques.

(3) La solidarité dans la protection sociale

  • Sur le plan historique, à la fin du XIXe siècle, la IIIe République s’est appuyée sur le principe de solidarité pour résoudre la question sociale. La notion de solidarité a servi de base à un renversement de l’approche des droits de l’homme et du citoyen qui découlait de la reconnaissance de l’individu, pour fonder le quasi-contrat fixant les droits et les devoirs de chacun et chacune vis-à-vis de la société.
  • Il convient ainsi d’interroger la place de la notion de solidarité dans l’État social. Comment l’État social s’est-il déployé dans les domaines des relations de travail, de l’assistance et de la prévoyance collective, etc. ?
  • Les liens entre le principe de solidarité et le principe d’égalité doivent être ainsi mis en question.  Sur le plan historique et social, il convient de mettre en débat la structuration de la Sécurité sociale ainsi que les politiques de lutte contre la pauvreté souvent considérées comme problématiques, car participant d’une reformulation des rapports sociaux en termes de cohésion sociale plutôt que d’antagonisme de classes.
  • La solidarité doit mener à une réflexion sur les modalités de son applicabilité et de sa concrétisation. Existe-t-il une « solidarité capitaliste » et une « solidarité communiste » ? Existe-t-il une solidarité des travailleurs envers les chômeurs ? Une solidarité intergénérationnelle entre les actifs et les retraités ? C’est ainsi notre protection sociale qui se trouve mise en débat à travers la notion même de solidarité.


 

Calendrier et format des propositions :

Les propositions de communication prendront la forme d’un résumé compris entre 300 et 600 mots, avec 5 mots-clés et 10 références bibliographiques maximum. Les propositions de session sont les bienvenues.

Les propositions devront IMPÉRATIVEMENT être déposées sur le site internet de la conférence. Onglet Soumettre une communication, à gauche. 

 

15 décembre 2023 : EXTENDED DEADLINE : 20 JANVIER 2024 : Date limite de dépôt des propositions de communication

25 mars 2024 : Notification des décisions aux déposants

 

 

Publication :

La Revue d’histoire de la pensée économique publiera un numéro spécial sur la thématique du colloque « Solidarité ». À cette fin, un appel à contributions dédié sera diffuséà l’issue du colloque (été 2024). Vous serez invité à soumettre vos propositions d’article et ainsi à entrer dans le processus d’évaluation habituel de la revue : https://classiques-garnier.com/revue-d-histoire-de-la-pensee-economique.html.

 

À noter :

  • Comme lors des précédents colloques Gide, cette manifestation est ouverte à des communications portant sur l’ensemble des thèmes relevant de l’histoire de la pensée économique et la philosophie économique.

 

Nous vous remercions de préciser, lors de la soumission de vos propositions, la thématique concernée :

(1)    Solidarité (thème du colloque)

(2)    Symposium économie et littérature

(3)    Histoire de la pensée économique et philosophie économique
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